jeudi 23 juillet 2020
vendredi 1 mai 2020
"Hitler, ça se dit pareil"
On
a laissé passer un an avant de remettre ça mais on recommence. On se réunit tous
les quatre chez moi et on choisit la destination, l’itinéraire. En gros, au
plus loin de notre périple, on ira à Kaunas. Honnêtement, on choisit la
Lituanie parce que ce n’est pas un pays qui a la réputation d’être cher, et
qu’on aime bien les trucs pas chers. On se dit que sur la route de Kaunas ça
serait bien de passer quelques jours à Berlin, aucun de nous n’y est encore
allé. Pour le reste, yolo. On réserve quand même un camping (10 euros la nuit)
près du centre ville de Berlin, pour le reste, on se démerdera le moment venu. Le
date est fixée : on part le 14 juillet pour une dizaine de jours.
On
se rejoint tous le 14 à ma collocation, on mange un plat de pâtes vite fait, on
dit au revoir à nos amoureuses et on part, le cœur un peu lourd mais contents
de se retrouver et de remettre enfin ça, tous les quatre. On part de Rouen à 23
heures, le feu d’artifice tiré pour la Fête Nationale, accompagne notre départ,
on rigole ensemble, on se dit que les gars on fait tout ça pour nous, c’est
beau. Cette année, pas de Multipla, on part avec le Doblo des parents de
Bambou, plus grande, mais moins moche, tant pis, on fera avec ! On a tous
prévu de la musique pour mettre sur une playlist, on s’enjaille à fond sur du
Britney Spears. Les équipes sont formées un peu comme d’habitude : Médoc
au volant, moi en assez mauvais co-pilote et Giraud et Bambou derrière.
La
route est déjà longue, alors on s’arrête à une station service, histoire de
s’étirer un peu les jambes, on pisse un coup. On fouine un peu tout ce qu’on
peut, on aime bien s’arrêter sur les stations services, ça nous coupe de la monotonie
de la route. Bambou achète un truc et on repart. On fait quelques mètres,
Bambou fouille ses poches, il panique complètement, il demande à Médoc de
s’arrêter : « J’AI OUBLIÉ MON PASSEPORT DANS LA STATION
SERVICE ! ». Il court vers la station et revient quelques secondes
après avec le passeport à la main et le sourire aux lèvres.
La
route est vraiment longue,926 kilomètres séparent Rouen de Berlin. On essaie
d’avancer le plus possible. Je fais un bon 2 heures et demie de
« sieste » et me réveille avec la gaule. Classique. Médoc n’en peut
plus, il vrille complètement, mais cette fois, il n’a pas de fièvre.
On
arrive enfin à Berlin, le 15 juillet, à 13h30. Le camping se trouve à Sandino
Straße, on a vu sur leur site qu’ils ne prenaient que du cash, on cherche donc
un distributeur. On tourne un peu, Giraud regarde sur une appli, on en trouve
un dans un supermarché, on peut enfin rejoindre notre camping, la route a été
longue, très longue. Le camping Sandino se trouve dans un quartier résidentiel,
assez tranquille, on peut garer la voiture gratuitement. Le camping est
vraiment chouette, un lieu vraiment paisible, il y a une petite salle couverte
où l’on peut manger, un endroit où se poser le soir, au feu, une table de ping
pong. L’endroit où l’on va poser les tentes est sur le côté, une étendue
d’herbe, au calme, avec quelques tentes déjà posées et des poules pour nous
tenir compagnie.
De
ce camping se dégage une atmosphère très « hippie », les gens sont
aimables, souriants, on est bien accueillis.
On
pose nos tentes rapidement et on part faire un tour de la ville. On doit
prendre le métro pour arriver dans Berlin, on s’arrête à Alexanderplatz,
visiblement une place connue, mais visiblement une place assez laide, beaucoup
de gens, beaucoup de magasins qu’on retrouve partout. On est dans le quartier
de Mitte, un quartier ultra fréquenté, je lis sur Wikipédia que « la place
est fréquentée quotidiennement par 300 000 personnes ». On est tous les
quatre crevés mais la ville nous plait, même si c’est compliqué de juger ou
même de s’imprégner d’une ville en quelques heures ou quelques jours.
Je trouve
toujours compliqués les avis des gens qui passent quelques jours ou semaines
dans une ville et qui pensent connaitre l’endroit. Il faut du temps, je pense,
pour se faire à une ville, à ses habitudes et ses habitants. Bon là, on n’aura
clairement pas le temps. On arrive à la Porte de Brandebourg.
Je suis un peu
déçu, je ne sais pas pourquoi, je m’attendais à mieux, peut-être parce que ce
nom a été toujours associé à Berlin dans ce que j’en attendais alors peut-être
que j’attendais quelque chose de plus flamboyant. La Porte de Brandebourg a été
un des symboles de la séparation entre Berlin est et ouest, elle faisait partie
intégrante du mur. Il y a un
commémoration turque qui a lieu pendant qu’on est à la Parizer Platz. On ne
sait pas trop de quoi il s’agit mais on se sent de trop alors on prend le métro
pour aller voir ailleurs. Il y a un magasin qui s’appelle Nanu Nana lorsqu’on
prend le métro, Giraud invente une chanson avec un accent raciste des îles, ça
nous fait rire. On est vraiment fatigués.
On
décide d’aller trouver un bar tranquille, de boire quelques bières et de
rentrer se coucher pas trop tard. On trouve finalement un bar qui nous parait
cool, c’est un bar typique, type anarchiste, on lit du « ACAB » gravé
sur les murs. On l’appelle le « Yesterday » parce que l’intérieur
nous fait penser à ce vieux bar irlandais de Rouen, maintenant fermé. Le patron
fumait des cigares à l’intérieur et au bout d’une certaine heure, il fermait la
porte d’entrée et tout le monde pouvait cloper à balle. Le bar a fermé, le
patron aurait eu des histoires avec le fisc. J’ai même entendu parler
d’histoires de trafic de drogue… Finalement on boit plus d’une bière, on
commande des tournées de shooters de Jaggermeister pour les accompagner. Je
pars pisser. Quand je reviens, un renoi hyper balèze, avec des grosses
dreadlocks est assis avec les gars. Il est très sympa, on lui explique un peu
qui on est, il rigole avec un rire très grave qui fait « ohohoh », on
rigole avec lui même si on ne comprend pas trop ce qu’il dit. Je suis assis à
côté de lui, il pose sa main sur ma cuisse lorsqu’il rigole, je ne suis pas
très à l’aise. On commence à être bourrés, et fatigués, on le salue gentiment
et on rentre à notre camping avant de louper le métro. Lorsqu’on arrive au
camping, on voit qu’ils vendent des bières alors avec Médoc et Bambou, on se
pose autour d’un feu qui brûle dans un genre de poêle en fonte. Un anglais se
pose avec nous, on discute, enfin surtout Bambou et Médoc, j’évite toujours de
parler anglais quand je peux … On fume plein de clopes. Bambou cherche un
cendrier et pose cette question qui nous fait mourir de rire : « But,
where do i put my mégot ? ». On va finalement se coucher, bien plus
tard et plus bourrés que prévu.
16
juillet, on se réveille. Mal au crâne, ça sera le début d’une longue série …
Dehors il fait beau, chaud. J’ouvre la glissière de la tente et c’est une poule
qui m’accueille et me souhaite le « bon matin ». On rigole parce que
les deux poules communiquent entre elles et on a l’impression qu’elles appellent
Giraud, on entend « Niroooo, Niroooo, Niroooo ! ».
On
se douche, on va chercher des gros cafés à l’accueil et on réfléchit au
programme de la journée. On repère pas mal de choses à faire, le Holocaust
Museum, le Stasi Museum, le Reichtag, le Museum für naturkunde. On choisit d’aller
visiter le Muséum d’Histoires Naturelles pour y voir un max de squelettes de
dinosaures (ça rend un peu fou Médéric). On prend le métro pour se rendre au
musée, on raconte pas mal de merdes : le Holocauste Memorial devient
rapidement le Yolocauste et je ne sais plus pourquoi mais Huggy les bons tuyaux
devient Huggy et les bons cafards. On pique nique dans un parc avant de commencer notre visite.
On arrive enfin au Musée. Giraud et Médéric
font la queue de leur côté, Bambou et moi du notre. On paie rapidement, les
gars reviennent en rigolant, visiblement la dame qui leur a vendu les tickets
était d’une amabilité à toute épreuve. Au moment de payer, ils n’ont pas
compris le montant (qui était de 16 euros), elle leur a répondu très
froidement : « You don’t know what sixteen euros is ?? ».
Ça nous a fait beaucoup rire. On rentre dans le musée.
La première salle est
immense, c’est celle avec tous les squelettes de dinosaures. On lâche Médéric
comme un gosse, il court partout. On a l’impression d’être trois papas qui
regardent leur gosse s’émerveiller. C’est beau. Le musée est très chouette,
très complet, on fait plein de selfies comme les pires des touristes devant
tous les animaux. On est un peu tous comme des gosses finalement. On arrive
dans une très grande salle où sont entreposés tous les animaux conservés dans
du formol. La salle est magnifique, on est tous impressionnés. Giraud appelle
ça : « la salle aux shooters ». On termine notre visite après
avoir vu la salle du T rex et un écureuil volant. Je ne sais pas lequel j’ai
préféré … On continue de visiter, il fait beau, les temps sont doux.
On achète
quelques provisions et on se pose dans un parc, les fesses dans l’herbe.
Je
bois un canette de bourbon coca, avec du mauvais bourbon et du mauvais coca
puis j’essaie de faire une sieste. Je crois que je m’endors un peu. Derrière
nous un mec « joue » du tambourin. Les guillemets prennent leur sens
ici parce qu’on ne comprend pas ce que fout ce type avec son tambourin. Il le
tapote, l’observe, mais n’en joue pas vraiment. On se demande tous les quatre
s’il n’est pas sous champi ou autre substance… Je fais une blague douteuse sur
Hitler et Bambou me rappelle gentiment qu’ici « Hitler ça se dit
pareil ».
On
retourne au camping se reposer un peu. Le camping est un lieu vraiment chouette
avec des jeunes d’un peu partout dans le monde. Il y a un mec qui se ballade à
moitié à poil, l’air très aimable. Le
camping propose des séances de cinéma avec des casques sans fil. Nous, on se
pose tous les quatre à une table et on boit une bouteille de vin rouge qu’on a
ramené de France. On boit aussi des bières. Bambou me bat au ping pong. On
hésite à aller en boîte de nuits, vu la réputation des clubs berlinois. Bon,
aucun d’entre nous n’aime les clubs alors on cherche plutôt un bar cool. On
trouve le Café Cinéma, près d’Alexanderplatz qui est visiblement un lieu ultra
symbolique de la réunification. On prend le métro pour y aller.
Le « café » se trouve dans une petite
ruelle dans le quartier de Mitte. Le lieu est convivial, pas guindé, il y a une
terrasse, c’est plutôt parfait pour nous. C’est, parait-il, un endroit où on
refaisait le monde. C’est un peu ce qu’on fait, on tourne au Jagger/bières,
chacun paie sa tournée. On parle de cul et de famille. Une fille vient voir
Bambou pour lui demander si elle peut prendre en photo sa veste « Destroy
the future ». Elle reconnait qu’on est français, elle nous dit qu’elle
n’aime pas trop les français, qu’on n’est pas sympas. Alors elle ne parle pas
longtemps avec nous. Même si on a été très sympas et avenants. Pourquoi ce
besoin de résumer un pays et ses habitants en une phrase autant péremptoire que
conne ?
On
finit par partir après avoir passé une excellente soirée, on prend un kebab
(notre tradition c’est de goûter les kebabs de tous les pays que l’on visite)
avant de monter dans le métro, les mecs nous servent en 30 secondes chrono
chacun. Je m’assois en face des gars, leur regard n’est pas frais… Arrivés au
camping, on se couche et s’endort rapidement.
17
juillet, la traditionnelle gueule de bois. On se réveille et on petit déjeune
tranquillement avec un gros café. Un écureuil vient nous voir, Bambou parle de
lui en disant « le mec » parce qu’il a peur que l’écureuil lui vole
son petit dej’. Il aime vraiment les animaux Bambou. On replie nos tentes,
Bambou doit aller trouver une infirmière pour se faire son injection de
testostérone. Avant qu’il ne parte, on réserve un logement pour notre prochaine
destination : Kaunas. On choisit aussi ce qu’on voudrait visiter pour
notre dernière journée à Berlin. Bien sûr, on voudrait aller voir ce qui reste
du mur, à la East Side Gallery. On voudrait aussi voir le Mémorial aux juifs
assassinés d’Europe (le fameux Yolocauste Memorial) et passer devant le
Reichtag. On fait quelques courses et on pique nique sur un banc avant de
partir.
On prend le métro pour trouver la East Side Gallery mais on s’arrête au
mauvais endroit parce qu’on se dit : « c’est ça le Mur ? Eh bah
ça fait pas rêver ».
Finalement on arrive à trouver. C’est un peu
compliqué de se rendre compte du poids historique que représente ce gros bout
de béton. Bien sûr, les cours d’Histoire et nos curiosités nous ont amené à
savoir ce qui s’est passé mais en 1989, aucun de nous 4 n’était né.
On ne
connait qu’une Histoire postérieure, pas un moment en train de se réaliser.
Nous ce qu’on connaitra du Mur, c’est simplement un endroit devant lequel on
peut se prendre en selfie, un bloc de béton couvert de graffs. C’est un peu la
même impression lorsqu’on se rend au Mémorial des juifs assassinés d’Europe.
Des groupes de touristes déambulent entre ces stèles qui sont « censées
produire une atmosphère de malaise et de confusion, représentant un système
supposé ordonné qui a perdu le contact avec la raison humaine ». Des gens
grimpent sur les stèles, se prennent encore en selfies. Le recueillement n’est
pas à l’ordre du jour.
On a du mal à se positionner face à ce mémorial, on ne
reste pas longtemps. On continue notre balade.
On passe devant l’imposant Reichtag puis on se pose dans
un parc. On cherche un bar cool, on trouve le Luzia, bar réputé dans le
quartier du Kreuzberg. Notre départ pour Kaunas est prévu pour le soir, on ne
boit qu’une pinte. C’est plus un bar d’après-midi, début de soirée, les
serveurs sont ultra lookés, plutôt branchés mais finalement assez sympas, l’un
d’eux discute photo analogique avec Bamboo.
Le
départ pour Kaunas se fait à 20h. On n’a aucune idée d’où on va réellement. On
ne s’est pas renseignés sur la Lituanie, ni sur Kaunas. Mais c’est la
philosophie des vacances, toujours plus loin, toujours plus à l’arrache. On
fait quelques courses pour manger le soir au Lidl et on prend la route.
La
route est très longue et chiante. Je dors beaucoup. On s’arrête près de Gdańsk
en Pologne pour faire une « sieste » entre 4h et 5h30.
Les nuits en
voiture ne sont vraiment pas les mieux. La Pologne est un très long pays à
traverser, les polonais roulent n’importe comment, on risque plusieurs fois des
accidents. Une voiture fait une magistrale queue de poisson à Giraud qui pile
presque. Sur la route, on voit beaucoup de cigognes dans leurs grandes nids.
18
juillet. On passe la frontière lituanienne, qui est à l’abandon. C’est le côté très
chouette de l’Europe : la libre circulation des personnes. On arrive
finalement à 13h30 à Kaunas. On loue notre logement 10 euros la nuit, on ne
s’attend pas vraiment à quelque chose d’incroyable. Une dame nous fait visiter,
en nous précisant « upstairs you have a jacuzzi », on acquiesce
poliment. Lorsqu’elle quitte l’appartement en nous laissant les clés, on se
regarde tous les 4 : « elle a bien dit UN JACUZZI ??? ».
Effectivement il y avait bien un jacuzzi à l’étage. On se sent un peu comme les
rois du pétrole.
On visite la ville, très jolie, médiévale.
Le voyage nous a
crevé, on se couche tôt mais pas assez pour ne pas entendre Giraud parler du
maquillage des anglaises en ces termes : « c’est un Monet le
machin et en fin de soirée c’est un Dali ».
19
juillet. Réveil 11h30 dans le lit et Médéric en extase : « on a
l’impression de dormir sur un petit nuage ». On continue notre tour de la
ville, il fait très chaud. On se pose à l’ombre pour fumer une clope et faire
de la balançoire.
Beaucoup, beaucoup de mariages ont lieu dans la ville alors
qu’on est un vendredi. On fait un tour au Château de Kaunas.
L’architecture de
cette ville est très moderne, beaucoup de briques rouges.
La ville est assez
peu peuplée en cette période de l’année, d’habitude elle compte 300000
habitants, mais là on ne croise pas tant de monde… On trouve un supermarché
pour pouvoir manger. On achète quelques bières pour pouvoir les boire dans le
jacuzzi. On tient difficilement à 4 dans le jacuzzi alors on tourne, 2 par 2. En
début de soirée, on se pose au Izy bar, sur internet on a lu que si on allait
dans ce bar c’était pour « a drink or ten ». Bon on y reste plutôt
pour un, on commence à être chauds, il nous faut un bar avec plus d’ambiance.
On termine au Republik un bar avec un dancefloor où la bière est chère et vraiment
dégueulasse. Tout le monde a l’air de nous prendre pour des gays parce qu’on
est les seuls mecs à danser et à s’amuser. Mais on s’en contre fout, on s’amuse
vraiment. On part du bar ultra tard, on s’arrête au Hesburger, je commande un
hamburger avec la plus grande de peine. Je râle parce que je n’ai pas de sauce.
On arrive à retrouver notre logement assez facilement. Comme dit le proverbe
libanais : « Ivre, mais il connait la porte de sa maison ».
On se couche à 5 heures, ivres donc.
20
juillet. Le réveil est dur. Fanfare dans le crâne.
Aujourd’hui on a prévu de
passer la journée à Elektrénai, une ville construite dans les années 60 par les
soviétiques pour les travailleurs de la centrale électrique d’à côté.
On veut
surtout visiter le parc d’attractions à l’abandon, construit pour divertir les
travailleurs. Mais avant ça, Médéric veut qu’on aille visiter le musée du
diable. Bon on ne va pas se mentir, c’est pas dingue. 4 ou 5 étages avec
diverses représentations du diable en statuts, poupées. Hitler et Mussolini
représentés en diable. C’est peut-être la cuite de la veille qui parle, mais je
n’ai pas trop la patience pour ce musée.
On
part donc direction Elektrénai.
La ville en elle-même est assez laide mais on
ne s’attendait pas à autre chose. On trouve l’ancien parc d’attractions assez
facilement. Il suffit seulement de passer sous une barrière tordue pour y
accéder. On n’est pas nombreux à visiter. C’est assez impressionnant de voir ce
parc vide. Tout est laissé en l’état. Les tags et la verdure ont pris le
dessus. Au milieu du parc se trouve un énorme grand huit.
Je crois que c’est un peu le flippe de sa vie. S’il ne descend pas hyper vite,
il risque de tomber … Je ne suis pas rassuré pour lui non plus. Finalement il
arrive à descendre, encore flippé, mais sauf. En sortant du parc, on se pose
près d’une « plage » autour de la réserve d’eau.
On mange d’énormes
cornichons. Giraud pète. C’est officiellement « le décibel de trop ».
On rentre pour Kaunas. Notre départ est prévu pour le lendemain. On invente un
nouvel adjectif qui signifie que quelque chose est super :
« zobesque ». Pourquoi ? Je ne sais pas. On rentre à l'appart se poser un peu.
Le soir on se pose à un
bar qui s’appelle le Shamerock. N’y-a-t-il pas un Shamerock dans toutes les
villes du monde ?? Petite pinte mais grosse fatigue. Giraud discute un peu
avec le serveur qui reconnait que l’on est français. Il nous explique que
Kaunas est bien plus peuplée habituellement, que les gens sont partis en
vacances. C’est plutôt logique. On débriefe notre journée. « On s’est bien
amusés tous les trois… Et Médéric… ». On va finalement se coucher, le levé
est prévu tôt le lendemain.
21
juillet. On se lève tôt donc.
On clean l’appart, on se moque de l’oreiller de Médéric
qui était un des dossiers du canapé. Il nous répond qu’il est « trve black
metal, son oreiller c’est un parpaing ». On part finalement vers 11h. Le
temps d’un arrêt pour acheter du clopes et d’un dernier burger au Hesburger et
on prend la route. On roule environ 400 kilomètres avant de s’arrêter près de
Varsovie pour manger. On mange des pâtes près d’un lac.
L’endroit n’est pas
très rassurant. Bambou voit un lapin et nous dit que c’est un walibi. On
s’imagine que sur le lieu où l’on mange vivait une ancienne civilisation
d’araignées chiqueuses de zob. Médéric fait une micro sieste. C’est le retour
du King pour un court instant. On reprend la route. Je ne sais plus vraiment
qui conduit. Sûrement Médéric. Sûrement pas moi et encore moins Bambou qui n’a
décidé de ne faire qu’une marche arrière pendant tout ce voyage. On arrive vers
3h30, 4h à Moritzburg en Allemagne, on repère un parking qui a l’air tranquille
sur Park4night et on plante nos tentes pour quelques heures.
22
juillet. On se réveille avec un grand soleil. On se pose sur une petit table en
bois pour déjeuner tranquillement.
Les gens qui passent nous regardent
étrangement, mais nous disent bonjour. On trouve le camping qu’on avait repéré
après s’être trompé d’endroit. Le camping est assez grand, dans la forêt.
On
pose nos tentes près de la voiture et on va visiter le camping. On fait un peu
de tyrolienne pour gamins, on se douche puis on va visiter les alentours. On
fait quelques courses au Netto pour se faire un barbecue au camping, on achète
quelques bières et une bouteille de Jaggermeister bas de gamme. On fait une
petite sieste puis on repart à la découverte de Moritzburg. On repère un
Biergarten, on s’y pose.
On discute, on boit deux ou trois bières puis on
décide de rentrer manger au camping. Au moment de payer, on se rend compte que
la carte bancaire n’est pas autorisée. Aucun de nous n’a de cash. Médéric se
propose d’aller chercher des billets en cashback en supermarché. On reste en
« caution ». On hésite quand même vachement à faire un Biergarten
basket. Finalement on attend, on ne va pas perpétuer la réputation de gros cons
des français. Médéric revient avec du cash, on paie, puis on rentre au camping,
bourrés.
Une fois arrivés, on galère à allumer notre barbecue en barquette. Des
enfants viennent nous voir avec Médoc, ils nous parlent en allemand. Médoc a
plus de notion que moi. On a beau leur expliquer qu’on ne comprend rien et
qu’ils doivent parler moins vite, ils s’en foutent et continuent à nous parler
beaucoup, très vite. Finalement ils partent, on arrive enfin à faire cuire
quelques légumes. On goûte des saucisses dégueux avec Bambou. Giraud et Médoc
mangent des halloumis. On continue de boire des bières.
On ouvre la bouteille
de Jaggermeister renommé Mick Jaggermeister qu’on boit en 10 minutes puis on se
couche, fin saouls.
23
juillet. Levé à 8 heures. GUEULE DE BOIS. Ma bouche est réellement aussi sèche
que du bois. Vraiment un réveil attroce. On replie les tentes et on quitte le
camping. Je fais une « sieste » d’environ 1000 heures dans la
voiture. On s’arrête à un Lidl pour manger, sur le parking, comme des rock
stars. On repart, je continue ma « sieste ». C’est une journée où on
ne fait que rouler. La Lituanie c’était un peu loin, c’est long d’en revenir.
Giraud me met une clope dans la bouche quand je dors. On discute d’Eddy Mitchell.
Les gars soutiennent que c’est de la merde. Je soutiens qu’ils sont snobs et
que s’il était anglais, ils ne diraient pas ça. Je m’endors. En me réveillant
de ma nouvelle sieste, je suis d’accord avec eux. On cherche un immense
supermarché pour y passer des heures et trouver de l’alcool peu cher. On en
trouve un près de Dortmund. On achète quelques conneries, des cadeaux pour nos
amoureuses, puis on repart. On s’arrête à Dyck en Allemagne pour chercher un
endroit pour camper. On s’arrête près d’un lac. Un mec vient nous voir
instantanément. Il ne comprend pas ce qu’on dit, on ne comprend pas ce qu’il
dit. Et il est super creepy. Clément lui demande s’il connait un endroit où se
poser pour manger et dormir. Le gars soupir, comme s’il réfléchissait, mais ça
se voit qu’il n’a rien compris. Alors Clément lui demande s’il est en
vacances ? Le mec continue de soupirer en répétant « holidays »,
« holidays », comme s’il cherchait une réponse compliquée alors que
la réponse est oui ou non. C’en est trop, on lui dit poliment au revoir puis on
continue notre route. On cherche un nouvel endroit sur Park4night. On en trouve
un près de lac qui a l’air super. Finalement c’est un genre de camp de
manouche, on n’est pas super chauds de demander l’hospitalité pour un soir …
Surtout qu’il commence à faire nuit. On trouve un endroit un peu naze pour
manger. Une vieille vient nous engueuler pour nous dire qu’on n’a pas le droit
de faire du feu. On mange froid, en la détestant.
On trouve un dernier endroit
qui s’avère être le parking d’une réserve naturelle. On plante nos tentes,
assez peu rassurés, mais on parvient quand même à s’endormir, épuisés.
24
juillet. On se réveille à 8h. Il nous reste 450 kilomètres avant d’arriver à
Rouen. Maintenant qu’on a fait toute cette route, ça nous parait peu. On part,
« mi chill, mi raisin ». La route est longue. Je
« m’amuse » à tester la patience de Médéric. Chaque chanson qu’il a
choisi dans la playlist, je la passe, en disant que c’est nul. Bon, il est
patient, il ne craque pas, malgré toute mes sollicitations. On s’arrête pour manger des frites et un
burger très douteux en Belgique. On dépose Médoc à Ymare et je reprends le
volant jusqu’à Rouen. On arrive finalement à 17h30, il fait beaucoup trop
chaud.
J’écris
ce récit des mois après, pendant le confinement, qui a déjà sa page Wikipédia
« Confinement de 2020 en France ». Je disais plus haut qu’on n’avait
pas connu la chute du Mur, ça au moins on l’aura bien connu, bien vécu.
La
seule chose qu’on espère maintenant c’est que cette histoire se tasse qu’on
puisse reprendre la route pour continuer nos aventures héroïques
alcooliques.
Rouen - Berlin = 926
kms
Berlin - Kaunas =
738 kms
Kaunas - Moritzburg
= 938 kms
Moritzburg - Rouen =
1045 kms
Total = 3647 kms
Inscription à :
Articles (Atom)