vendredi 1 mai 2020

"Hitler, ça se dit pareil"

On a laissé passer un an avant de remettre ça mais on recommence. On se réunit tous les quatre chez moi et on choisit la destination, l’itinéraire. En gros, au plus loin de notre périple, on ira à Kaunas. Honnêtement, on choisit la Lituanie parce que ce n’est pas un pays qui a la réputation d’être cher, et qu’on aime bien les trucs pas chers. On se dit que sur la route de Kaunas ça serait bien de passer quelques jours à Berlin, aucun de nous n’y est encore allé. Pour le reste, yolo. On réserve quand même un camping (10 euros la nuit) près du centre ville de Berlin, pour le reste, on se démerdera le moment venu. Le date est fixée : on part le 14 juillet pour une dizaine de jours.

On se rejoint tous le 14 à ma collocation, on mange un plat de pâtes vite fait, on dit au revoir à nos amoureuses et on part, le cœur un peu lourd mais contents de se retrouver et de remettre enfin ça, tous les quatre. On part de Rouen à 23 heures, le feu d’artifice tiré pour la Fête Nationale, accompagne notre départ, on rigole ensemble, on se dit que les gars on fait tout ça pour nous, c’est beau. Cette année, pas de Multipla, on part avec le Doblo des parents de Bambou, plus grande, mais moins moche, tant pis, on fera avec ! On a tous prévu de la musique pour mettre sur une playlist, on s’enjaille à fond sur du Britney Spears. Les équipes sont formées un peu comme d’habitude : Médoc au volant, moi en assez mauvais co-pilote et Giraud et Bambou derrière. 


La route est déjà longue, alors on s’arrête à une station service, histoire de s’étirer un peu les jambes, on pisse un coup. On fouine un peu tout ce qu’on peut, on aime bien s’arrêter sur les stations services, ça nous coupe de la monotonie de la route. Bambou achète un truc et on repart. On fait quelques mètres, Bambou fouille ses poches, il panique complètement, il demande à Médoc de s’arrêter : « J’AI OUBLIÉ MON PASSEPORT DANS LA STATION SERVICE ! ». Il court vers la station et revient quelques secondes après avec le passeport à la main et le sourire aux lèvres.
La route est vraiment longue,926 kilomètres séparent Rouen de Berlin. On essaie d’avancer le plus possible. Je fais un bon 2 heures et demie de « sieste » et me réveille avec la gaule. Classique. Médoc n’en peut plus, il vrille complètement, mais cette fois, il n’a pas de fièvre.
On arrive enfin à Berlin, le 15 juillet, à 13h30. Le camping se trouve à Sandino Straße, on a vu sur leur site qu’ils ne prenaient que du cash, on cherche donc un distributeur. On tourne un peu, Giraud regarde sur une appli, on en trouve un dans un supermarché, on peut enfin rejoindre notre camping, la route a été longue, très longue. Le camping Sandino se trouve dans un quartier résidentiel, assez tranquille, on peut garer la voiture gratuitement. Le camping est vraiment chouette, un lieu vraiment paisible, il y a une petite salle couverte où l’on peut manger, un endroit où se poser le soir, au feu, une table de ping pong. L’endroit où l’on va poser les tentes est sur le côté, une étendue d’herbe, au calme, avec quelques tentes déjà posées et des poules pour nous tenir compagnie.
De ce camping se dégage une atmosphère très « hippie », les gens sont aimables, souriants, on est bien accueillis.


On pose nos tentes rapidement et on part faire un tour de la ville. On doit prendre le métro pour arriver dans Berlin, on s’arrête à Alexanderplatz, visiblement une place connue, mais visiblement une place assez laide, beaucoup de gens, beaucoup de magasins qu’on retrouve partout. On est dans le quartier de Mitte, un quartier ultra fréquenté, je lis sur Wikipédia que « la place est fréquentée quotidiennement par 300 000 personnes ». On est tous les quatre crevés mais la ville nous plait, même si c’est compliqué de juger ou même de s’imprégner d’une ville en quelques heures ou quelques jours.


Je trouve toujours compliqués les avis des gens qui passent quelques jours ou semaines dans une ville et qui pensent connaitre l’endroit. Il faut du temps, je pense, pour se faire à une ville, à ses habitudes et ses habitants. Bon là, on n’aura clairement pas le temps. On arrive à la Porte de Brandebourg. 

 

Je suis un peu déçu, je ne sais pas pourquoi, je m’attendais à mieux, peut-être parce que ce nom a été toujours associé à Berlin dans ce que j’en attendais alors peut-être que j’attendais quelque chose de plus flamboyant. La Porte de Brandebourg a été un des symboles de la séparation entre Berlin est et ouest, elle faisait partie intégrante du mur.  Il y a un commémoration turque qui a lieu pendant qu’on est à la Parizer Platz. On ne sait pas trop de quoi il s’agit mais on se sent de trop alors on prend le métro pour aller voir ailleurs. Il y a un magasin qui s’appelle Nanu Nana lorsqu’on prend le métro, Giraud invente une chanson avec un accent raciste des îles, ça nous fait rire. On est vraiment fatigués. 


On décide d’aller trouver un bar tranquille, de boire quelques bières et de rentrer se coucher pas trop tard. On trouve finalement un bar qui nous parait cool, c’est un bar typique, type anarchiste, on lit du « ACAB » gravé sur les murs. On l’appelle le « Yesterday » parce que l’intérieur nous fait penser à ce vieux bar irlandais de Rouen, maintenant fermé. Le patron fumait des cigares à l’intérieur et au bout d’une certaine heure, il fermait la porte d’entrée et tout le monde pouvait cloper à balle. Le bar a fermé, le patron aurait eu des histoires avec le fisc. J’ai même entendu parler d’histoires de trafic de drogue… Finalement on boit plus d’une bière, on commande des tournées de shooters de Jaggermeister pour les accompagner. Je pars pisser. Quand je reviens, un renoi hyper balèze, avec des grosses dreadlocks est assis avec les gars. Il est très sympa, on lui explique un peu qui on est, il rigole avec un rire très grave qui fait « ohohoh », on rigole avec lui même si on ne comprend pas trop ce qu’il dit. Je suis assis à côté de lui, il pose sa main sur ma cuisse lorsqu’il rigole, je ne suis pas très à l’aise. On commence à être bourrés, et fatigués, on le salue gentiment et on rentre à notre camping avant de louper le métro. Lorsqu’on arrive au camping, on voit qu’ils vendent des bières alors avec Médoc et Bambou, on se pose autour d’un feu qui brûle dans un genre de poêle en fonte. Un anglais se pose avec nous, on discute, enfin surtout Bambou et Médoc, j’évite toujours de parler anglais quand je peux … On fume plein de clopes. Bambou cherche un cendrier et pose cette question qui nous fait mourir de rire : « But, where do i put my mégot ? ». On va finalement se coucher, bien plus tard et plus bourrés que prévu.
16 juillet, on se réveille. Mal au crâne, ça sera le début d’une longue série … Dehors il fait beau, chaud. J’ouvre la glissière de la tente et c’est une poule qui m’accueille et me souhaite le « bon matin ». On rigole parce que les deux poules communiquent entre elles et on a l’impression qu’elles appellent Giraud, on entend « Niroooo, Niroooo, Niroooo ! ». 


On se douche, on va chercher des gros cafés à l’accueil et on réfléchit au programme de la journée. On repère pas mal de choses à faire, le Holocaust Museum, le Stasi Museum, le Reichtag, le Museum für naturkunde. On choisit d’aller visiter le Muséum d’Histoires Naturelles pour y voir un max de squelettes de dinosaures (ça rend un peu fou Médéric). On prend le métro pour se rendre au musée, on raconte pas mal de merdes : le Holocauste Memorial devient rapidement le Yolocauste et je ne sais plus pourquoi mais Huggy les bons tuyaux devient Huggy et les bons cafards. On pique nique dans un parc avant de commencer notre visite.





On arrive enfin au Musée. Giraud et Médéric font la queue de leur côté, Bambou et moi du notre. On paie rapidement, les gars reviennent en rigolant, visiblement la dame qui leur a vendu les tickets était d’une amabilité à toute épreuve. Au moment de payer, ils n’ont pas compris le montant (qui était de 16 euros), elle leur a répondu très froidement : « You don’t know what sixteen euros is ?? ». Ça nous a fait beaucoup rire. On rentre dans le musée.



 La première salle est immense, c’est celle avec tous les squelettes de dinosaures. On lâche Médéric comme un gosse, il court partout. On a l’impression d’être trois papas qui regardent leur gosse s’émerveiller. C’est beau. Le musée est très chouette, très complet, on fait plein de selfies comme les pires des touristes devant tous les animaux. On est un peu tous comme des gosses finalement. On arrive dans une très grande salle où sont entreposés tous les animaux conservés dans du formol. La salle est magnifique, on est tous impressionnés. Giraud appelle ça : « la salle aux shooters ». On termine notre visite après avoir vu la salle du T rex et un écureuil volant. Je ne sais pas lequel j’ai préféré … On continue de visiter, il fait beau, les temps sont doux. 





On achète quelques provisions et on se pose dans un parc, les fesses dans l’herbe.


Je bois un canette de bourbon coca, avec du mauvais bourbon et du mauvais coca puis j’essaie de faire une sieste. Je crois que je m’endors un peu. Derrière nous un mec « joue » du tambourin. Les guillemets prennent leur sens ici parce qu’on ne comprend pas ce que fout ce type avec son tambourin. Il le tapote, l’observe, mais n’en joue pas vraiment. On se demande tous les quatre s’il n’est pas sous champi ou autre substance… Je fais une blague douteuse sur Hitler et Bambou me rappelle gentiment qu’ici « Hitler ça se dit pareil ».
On retourne au camping se reposer un peu. Le camping est un lieu vraiment chouette avec des jeunes d’un peu partout dans le monde. Il y a un mec qui se ballade à moitié à poil, l’air très aimable.  Le camping propose des séances de cinéma avec des casques sans fil. Nous, on se pose tous les quatre à une table et on boit une bouteille de vin rouge qu’on a ramené de France. On boit aussi des bières. Bambou me bat au ping pong. On hésite à aller en boîte de nuits, vu la réputation des clubs berlinois. Bon, aucun d’entre nous n’aime les clubs alors on cherche plutôt un bar cool. On trouve le Café Cinéma, près d’Alexanderplatz qui est visiblement un lieu ultra symbolique de la réunification. On prend le métro pour y aller.



Le « café » se trouve dans une petite ruelle dans le quartier de Mitte. Le lieu est convivial, pas guindé, il y a une terrasse, c’est plutôt parfait pour nous. C’est, parait-il, un endroit où on refaisait le monde. C’est un peu ce qu’on fait, on tourne au Jagger/bières, chacun paie sa tournée. On parle de cul et de famille. Une fille vient voir Bambou pour lui demander si elle peut prendre en photo sa veste « Destroy the future ». Elle reconnait qu’on est français, elle nous dit qu’elle n’aime pas trop les français, qu’on n’est pas sympas. Alors elle ne parle pas longtemps avec nous. Même si on a été très sympas et avenants. Pourquoi ce besoin de résumer un pays et ses habitants en une phrase autant péremptoire que conne ?
On finit par partir après avoir passé une excellente soirée, on prend un kebab (notre tradition c’est de goûter les kebabs de tous les pays que l’on visite) avant de monter dans le métro, les mecs nous servent en 30 secondes chrono chacun. Je m’assois en face des gars, leur regard n’est pas frais… Arrivés au camping, on se couche et s’endort rapidement.



17 juillet, la traditionnelle gueule de bois. On se réveille et on petit déjeune tranquillement avec un gros café. Un écureuil vient nous voir, Bambou parle de lui en disant « le mec » parce qu’il a peur que l’écureuil lui vole son petit dej’. Il aime vraiment les animaux Bambou. On replie nos tentes, Bambou doit aller trouver une infirmière pour se faire son injection de testostérone. Avant qu’il ne parte, on réserve un logement pour notre prochaine destination : Kaunas. On choisit aussi ce qu’on voudrait visiter pour notre dernière journée à Berlin. Bien sûr, on voudrait aller voir ce qui reste du mur, à la East Side Gallery. On voudrait aussi voir le Mémorial aux juifs assassinés d’Europe (le fameux Yolocauste Memorial) et passer devant le Reichtag. On fait quelques courses et on pique nique sur un banc avant de partir. 


On prend le métro pour trouver la East Side Gallery mais on s’arrête au mauvais endroit parce qu’on se dit : « c’est ça le Mur ? Eh bah ça fait pas rêver ». 


Finalement on arrive à trouver. C’est un peu compliqué de se rendre compte du poids historique que représente ce gros bout de béton. Bien sûr, les cours d’Histoire et nos curiosités nous ont amené à savoir ce qui s’est passé mais en 1989, aucun de nous 4 n’était né.




 On ne connait qu’une Histoire postérieure, pas un moment en train de se réaliser. Nous ce qu’on connaitra du Mur, c’est simplement un endroit devant lequel on peut se prendre en selfie, un bloc de béton couvert de graffs. C’est un peu la même impression lorsqu’on se rend au Mémorial des juifs assassinés d’Europe. Des groupes de touristes déambulent entre ces stèles qui sont « censées produire une atmosphère de malaise et de confusion, représentant un système supposé ordonné qui a perdu le contact avec la raison humaine ». Des gens grimpent sur les stèles, se prennent encore en selfies. Le recueillement n’est pas à l’ordre du jour. 





On a du mal à se positionner face à ce mémorial, on ne reste pas longtemps. On continue notre balade.



 On passe devant l’imposant Reichtag puis on se pose dans un parc. On cherche un bar cool, on trouve le Luzia, bar réputé dans le quartier du Kreuzberg. Notre départ pour Kaunas est prévu pour le soir, on ne boit qu’une pinte. C’est plus un bar d’après-midi, début de soirée, les serveurs sont ultra lookés, plutôt branchés mais finalement assez sympas, l’un d’eux discute photo analogique avec Bamboo.
Le départ pour Kaunas se fait à 20h. On n’a aucune idée d’où on va réellement. On ne s’est pas renseignés sur la Lituanie, ni sur Kaunas. Mais c’est la philosophie des vacances, toujours plus loin, toujours plus à l’arrache. On fait quelques courses pour manger le soir au Lidl et on prend la route. 



La route est très longue et chiante. Je dors beaucoup. On s’arrête près de Gdańsk en Pologne pour faire une « sieste » entre 4h et 5h30.



 Les nuits en voiture ne sont vraiment pas les mieux. La Pologne est un très long pays à traverser, les polonais roulent n’importe comment, on risque plusieurs fois des accidents. Une voiture fait une magistrale queue de poisson à Giraud qui pile presque. Sur la route, on voit beaucoup de cigognes dans leurs grandes nids.  
18 juillet. On passe la frontière lituanienne, qui est à l’abandon. C’est le côté très chouette de l’Europe : la libre circulation des personnes. On arrive finalement à 13h30 à Kaunas. On loue notre logement 10 euros la nuit, on ne s’attend pas vraiment à quelque chose d’incroyable. Une dame nous fait visiter, en nous précisant « upstairs you have a jacuzzi », on acquiesce poliment. Lorsqu’elle quitte l’appartement en nous laissant les clés, on se regarde tous les 4 : « elle a bien dit UN JACUZZI ??? ». Effectivement il y avait bien un jacuzzi à l’étage. On se sent un peu comme les rois du pétrole. 



On visite la ville, très jolie, médiévale. 


Le voyage nous a crevé, on se couche tôt mais pas assez pour ne pas entendre Giraud parler du maquillage des anglaises en ces termes : « c’est un Monet le machin et en fin de soirée c’est un Dali ».
19 juillet. Réveil 11h30 dans le lit et Médéric en extase : « on a l’impression de dormir sur un petit nuage ». On continue notre tour de la ville, il fait très chaud. On se pose à l’ombre pour fumer une clope et faire de la balançoire. 



Beaucoup, beaucoup de mariages ont lieu dans la ville alors qu’on est un vendredi. On fait un tour au Château de Kaunas.



L’architecture de cette ville est très moderne, beaucoup de briques rouges. 




 La ville est assez peu peuplée en cette période de l’année, d’habitude elle compte 300000 habitants, mais là on ne croise pas tant de monde… On trouve un supermarché pour pouvoir manger. On achète quelques bières pour pouvoir les boire dans le jacuzzi. On tient difficilement à 4 dans le jacuzzi alors on tourne, 2 par 2. En début de soirée, on se pose au Izy bar, sur internet on a lu que si on allait dans ce bar c’était pour « a drink or ten ». Bon on y reste plutôt pour un, on commence à être chauds, il nous faut un bar avec plus d’ambiance. On termine au Republik un bar avec un dancefloor où la bière est chère et vraiment dégueulasse. Tout le monde a l’air de nous prendre pour des gays parce qu’on est les seuls mecs à danser et à s’amuser. Mais on s’en contre fout, on s’amuse vraiment. On part du bar ultra tard, on s’arrête au Hesburger, je commande un hamburger avec la plus grande de peine. Je râle parce que je n’ai pas de sauce. On arrive à retrouver notre logement assez facilement. Comme dit le proverbe libanais : « Ivre, mais il connait la porte de sa maison ». On se couche à 5 heures, ivres donc.
20 juillet. Le réveil est dur. Fanfare dans le crâne.


Aujourd’hui on a prévu de passer la journée à Elektrénai, une ville construite dans les années 60 par les soviétiques pour les travailleurs de la centrale électrique d’à côté. 



On veut surtout visiter le parc d’attractions à l’abandon, construit pour divertir les travailleurs. Mais avant ça, Médéric veut qu’on aille visiter le musée du diable. Bon on ne va pas se mentir, c’est pas dingue. 4 ou 5 étages avec diverses représentations du diable en statuts, poupées. Hitler et Mussolini représentés en diable. C’est peut-être la cuite de la veille qui parle, mais je n’ai pas trop la patience pour ce musée.
On part donc direction Elektrénai.


 La ville en elle-même est assez laide mais on ne s’attendait pas à autre chose. On trouve l’ancien parc d’attractions assez facilement. Il suffit seulement de passer sous une barrière tordue pour y accéder. On n’est pas nombreux à visiter. C’est assez impressionnant de voir ce parc vide. Tout est laissé en l’état. Les tags et la verdure ont pris le dessus. Au milieu du parc se trouve un énorme grand huit.












J’escalade une petite échelle pour prendre une photo d’ensemble du parc mais je sens mes jambes commencer à flageller au milieu de l’échelle. Je redescends très vite. Giraud prend le relais mais alors qu’il arrive en haut de l’échelle, elle se décroche.



Je crois que c’est un peu le flippe de sa vie. S’il ne descend pas hyper vite, il risque de tomber … Je ne suis pas rassuré pour lui non plus. Finalement il arrive à descendre, encore flippé, mais sauf. En sortant du parc, on se pose près d’une « plage » autour de la réserve d’eau. 



On mange d’énormes cornichons. Giraud pète. C’est officiellement « le décibel de trop ». On rentre pour Kaunas. Notre départ est prévu pour le lendemain. On invente un nouvel adjectif qui signifie que quelque chose est super : « zobesque ». Pourquoi ? Je ne sais pas. On rentre à l'appart se poser un peu.





Le soir on se pose à un bar qui s’appelle le Shamerock. N’y-a-t-il pas un Shamerock dans toutes les villes du monde ?? Petite pinte mais grosse fatigue. Giraud discute un peu avec le serveur qui reconnait que l’on est français. Il nous explique que Kaunas est bien plus peuplée habituellement, que les gens sont partis en vacances. C’est plutôt logique. On débriefe notre journée. « On s’est bien amusés tous les trois… Et Médéric… ». On va finalement se coucher, le levé est prévu tôt le lendemain.
21 juillet. On se lève tôt donc.




On clean l’appart, on se moque de l’oreiller de Médéric qui était un des dossiers du canapé. Il nous répond qu’il est « trve black metal, son oreiller c’est un parpaing ». On part finalement vers 11h. Le temps d’un arrêt pour acheter du clopes et d’un dernier burger au Hesburger et on prend la route. On roule environ 400 kilomètres avant de s’arrêter près de Varsovie pour manger. On mange des pâtes près d’un lac. 







L’endroit n’est pas très rassurant. Bambou voit un lapin et nous dit que c’est un walibi. On s’imagine que sur le lieu où l’on mange vivait une ancienne civilisation d’araignées chiqueuses de zob. Médéric fait une micro sieste. C’est le retour du King pour un court instant. On reprend la route. Je ne sais plus vraiment qui conduit. Sûrement Médéric. Sûrement pas moi et encore moins Bambou qui n’a décidé de ne faire qu’une marche arrière pendant tout ce voyage. On arrive vers 3h30, 4h à Moritzburg en Allemagne, on repère un parking qui a l’air tranquille sur Park4night et on plante nos tentes pour quelques heures.

22 juillet. On se réveille avec un grand soleil. On se pose sur une petit table en bois pour déjeuner tranquillement.



 Les gens qui passent nous regardent étrangement, mais nous disent bonjour. On trouve le camping qu’on avait repéré après s’être trompé d’endroit. Le camping est assez grand, dans la forêt.




On pose nos tentes près de la voiture et on va visiter le camping. On fait un peu de tyrolienne pour gamins, on se douche puis on va visiter les alentours. On fait quelques courses au Netto pour se faire un barbecue au camping, on achète quelques bières et une bouteille de Jaggermeister bas de gamme. On fait une petite sieste puis on repart à la découverte de Moritzburg. On repère un Biergarten, on s’y pose. 



On discute, on boit deux ou trois bières puis on décide de rentrer manger au camping. Au moment de payer, on se rend compte que la carte bancaire n’est pas autorisée. Aucun de nous n’a de cash. Médéric se propose d’aller chercher des billets en cashback en supermarché. On reste en « caution ». On hésite quand même vachement à faire un Biergarten basket. Finalement on attend, on ne va pas perpétuer la réputation de gros cons des français. Médéric revient avec du cash, on paie, puis on rentre au camping, bourrés.






Une fois arrivés, on galère à allumer notre barbecue en barquette. Des enfants viennent nous voir avec Médoc, ils nous parlent en allemand. Médoc a plus de notion que moi. On a beau leur expliquer qu’on ne comprend rien et qu’ils doivent parler moins vite, ils s’en foutent et continuent à nous parler beaucoup, très vite. Finalement ils partent, on arrive enfin à faire cuire quelques légumes. On goûte des saucisses dégueux avec Bambou. Giraud et Médoc mangent des halloumis. On continue de boire des bières.




On ouvre la bouteille de Jaggermeister renommé Mick Jaggermeister qu’on boit en 10 minutes puis on se couche, fin saouls.
23 juillet. Levé à 8 heures. GUEULE DE BOIS. Ma bouche est réellement aussi sèche que du bois. Vraiment un réveil attroce. On replie les tentes et on quitte le camping. Je fais une « sieste » d’environ 1000 heures dans la voiture. On s’arrête à un Lidl pour manger, sur le parking, comme des rock stars. On repart, je continue ma « sieste ». C’est une journée où on ne fait que rouler. La Lituanie c’était un peu loin, c’est long d’en revenir. Giraud me met une clope dans la bouche quand je dors. On discute d’Eddy Mitchell. Les gars soutiennent que c’est de la merde. Je soutiens qu’ils sont snobs et que s’il était anglais, ils ne diraient pas ça. Je m’endors. En me réveillant de ma nouvelle sieste, je suis d’accord avec eux. On cherche un immense supermarché pour y passer des heures et trouver de l’alcool peu cher. On en trouve un près de Dortmund. On achète quelques conneries, des cadeaux pour nos amoureuses, puis on repart. On s’arrête à Dyck en Allemagne pour chercher un endroit pour camper. On s’arrête près d’un lac. Un mec vient nous voir instantanément. Il ne comprend pas ce qu’on dit, on ne comprend pas ce qu’il dit. Et il est super creepy. Clément lui demande s’il connait un endroit où se poser pour manger et dormir. Le gars soupir, comme s’il réfléchissait, mais ça se voit qu’il n’a rien compris. Alors Clément lui demande s’il est en vacances ? Le mec continue de soupirer en répétant « holidays », « holidays », comme s’il cherchait une réponse compliquée alors que la réponse est oui ou non. C’en est trop, on lui dit poliment au revoir puis on continue notre route. On cherche un nouvel endroit sur Park4night. On en trouve un près de lac qui a l’air super. Finalement c’est un genre de camp de manouche, on n’est pas super chauds de demander l’hospitalité pour un soir … Surtout qu’il commence à faire nuit. On trouve un endroit un peu naze pour manger. Une vieille vient nous engueuler pour nous dire qu’on n’a pas le droit de faire du feu. On mange froid, en la détestant. 



On trouve un dernier endroit qui s’avère être le parking d’une réserve naturelle. On plante nos tentes, assez peu rassurés, mais on parvient quand même à s’endormir, épuisés.
24 juillet. On se réveille à 8h. Il nous reste 450 kilomètres avant d’arriver à Rouen. Maintenant qu’on a fait toute cette route, ça nous parait peu. On part, « mi chill, mi raisin ». La route est longue. Je « m’amuse » à tester la patience de Médéric. Chaque chanson qu’il a choisi dans la playlist, je la passe, en disant que c’est nul. Bon, il est patient, il ne craque pas, malgré toute mes sollicitations.  On s’arrête pour manger des frites et un burger très douteux en Belgique. On dépose Médoc à Ymare et je reprends le volant jusqu’à Rouen. On arrive finalement à 17h30, il fait beaucoup trop chaud.

J’écris ce récit des mois après, pendant le confinement, qui a déjà sa page Wikipédia « Confinement de 2020 en France ». Je disais plus haut qu’on n’avait pas connu la chute du Mur, ça au moins on l’aura bien connu, bien vécu.
La seule chose qu’on espère maintenant c’est que cette histoire se tasse qu’on puisse reprendre la route pour continuer nos aventures héroïques alcooliques.

Rouen - Berlin = 926 kms
Berlin - Kaunas = 738 kms
Kaunas - Moritzburg = 938 kms
Moritzburg - Rouen = 1045 kms
Total = 3647 kms